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Peu avant Noël 1913 , Margie était rentrée à Londres avec  un jeune chirurgien , Lewis-Andrew, qu’elle avait rencontré à New York.

Malgré l’énorme colère et les menaces de son père , elle vivait la plupart du temps chez lui , à Hampstead près de Londres , dans une grande demeure située au milieu d’un immense parc ,  et elle avait croisé Ludwig quelques fois chez son frère Archibald à Mayfair.

Après quelques mois de vie commune , elle avait composé avec les longues absences de son compagnon  qui passait sa vie au London Hospital, Whitechapelle road et s’écroulait dans un profond sommeil dès son très tardif retour  dans leur résidence à l’écart de Londres , au volant de la Bugatti que lui avait vendu Ludwig.

 

A chaque rencontre fortuite avec Ludwig une sorte de courant électrique passait entre les deux anciens amants , ce qui agaçait dangereusement Francesca qui à chaque fois trouvait un prétexte pour écourter la soirée...

 

Un jeudi matin de la mi-mars 1914 , lors du breakfast dans la petite salle à manger dédiée à ce repas , près de la cuisine , seul moment partagé du couple , Margie avait fait part de son intention de faire du shopping dans un magasin colonial d’Oxford Street , il était pour elle « inconcevable d’arriver au thé organisé par Leslie sans un de ces objets rares et inutiles qui emplissaient les vitrines du magasin »

Le  chauffeur allemand avait sorti la Rolls Silver Ghost pour la conduire en ville.

Il l’avait déposée en début d’après-midi et convenu de la rechercher au même endroit vers 17h00.

Margie avait eu du mal à se frayer un passage dans la foule dense et après avoir vérifié que la voiture n’était plus en vue , s’était engouffrée dans l’étroit passage menant au Brown’s Hotel , vérifiant que la voilette dissimulait son visage et était passée d’un pas rapide devant la réception pour rejoindre la chambre 101 .

En y entrant elle s’était jetée dans les bras de Ludwig et le temps d’une après midi étaient redevenus amants .

 

                     Grand prix de l’automobile club de France LYON 4 JUILLET

 

Au début du mois de juin , Francesca pose un ultimatum à Ludwig , elle a besoin du soleil d’ Italie , et à demandé à son père de lui prêter la somptueuse villa au bord du Lac de Côme .

Elle a déjà pris ses dispositions pour y organiser quelques fêtes .

Vendredi 19 juin elle prend le train à Londres en direction de Milan.

 

Ludwig avait encore deux voitures à préparer et passerait ses journées dans son garage de Tooting .

Un soir alors qu’il termine le réglage d’une SUNBEAM , Archibald l’appelle au téléphone et lui propose de prendre un verre dans un Pub près de Mayfair .

Ludwig monte se changer dans son appartement au dessus du garage et après un peu moins d’une demi heure de « traffic jam »  se gare devant le Pub.

 

Archibald lui parle d’un ami , William Watson ,  qui court au Grand Prix de Lyon sur une VAUXHALL ,et a besoin d’un bon metteur au point .

Il s’arrêtera  à Lyon en descendant dans leur villa du sud de la France , accompagnée de sa sœur Margie , afin de passer l’été au bord de la Méditerranée , Lewis-Andrew retournant pour quelques mois à New York.

Ludwig accepte et décide de rejoindre Francesca à Côme après le Grand Prix.

 

Il arrive à Lyon le 2 juillet  et se met de suite au travail , la VAUXHALL ayant besoin de nombreux réglages.

Le 3 juillet Archibald et Margie arrivent dans le stand alors que Ludwig chronomètre les tours de la voiture …loin derrière les MERCEDES et les PEUGEOT.

Il ne peut faire de miracle , elle manque de puissance.

Les trois amis décident alors d’aller boire une coupe de champagne à la tribune officielle .

Ludwig retombe immédiatement sous le charme de Margie , qui telle une ingénue baisse ses irrésistibles   yeux bleus tout en jouant nonchalamment avec une boucle blonde qui dépasse de son chapeau.

Archibald les abandonne un instant pour aller saluer des amis d’une autre écurie et Margie avance sa main gauche sur la table jusqu’à frôler celle de Ludwig .

Un meccano de l’écurie arrive alors en courant et demande à Ludwig de venir pour un choix de pneumatiques .

Margie se lève pour l’accompagner ,et en passant près d’un renfoncement derrière la tribune l’attire pour échanger un French kiss passionné .

 Après le diner officiel de la veille de course , Archibald décide de rentrer à l’hôtel et , en boudant , Margie le suit , ils saluent Ludwig ...elle murmure « Room 42 »…

Vers 22h00 Ludwig ouvre doucement la porte de la « Room 42 » …Margie l’attend dans un déshabillé à damner un saint …

Il quitte la chambre au lever du soleil pour se rendre sur le circuit .

La course est une véritable foire d’empoigne entre MERCEDES et PEUGEOT , la VAUXHALL suivie par Ludwig ayant malheureusement abandonné dès le troisième tour , Archibald décide de prendre la route vers le sud de la France en fin de matinée , embarquant sans discuter une Margie boudeuse.

Ludwig , de son côté , décide de passer la nuit à Lyon et de partir tôt le lendemain pour rejoindre Francesca au bord du lac de Côme.

 

 

Lac de Côme

 

 

Le  5 juillet 1914 Ludwig arrive à Côme en fin d’après-midi , il gare la MERCEDES à côté du perron de la somptueuse villa des parents de Francesca et en sortant du véhicule secoue l’importante couche de poussière sur ses vêtements de conduite.

Ses bras sont endoloris par un combat de plus de 5 heures avec la lourde direction de la voiture dans les routes sinueuses des alpes.

Francesca descend en courant l’escalier et se jette dans ses bras , ordonnant en italien à une jeune fille de préparer de suite un bain .

Après de longues ablutions  et un non moins long moment de « détente » dans la chambre de Francesca , ils descendent et retrouvent quelques amis sur la terrasse surplombant le lac.

Nous sommes loin des réunions festives entre amis , certains ont même l’air grave.

La grosse villa voisine est fermée , ses habitants , un comte autrichien et son épouse sont rentrés d’urgence à Vienne suite à l’assassinat de l’archiduc et de son épouse à Sarajevo il y a un plus de 15 jours.

Depuis ce jour funeste , la tension monte dangereusement entre les pays européens , certains oiseaux de mauvaise augure parlent même de guerre.

    Mais le champagne aidant , l’atmosphère se détend et Francesca monte le son du phonographe gramophone "Le Ogerphone" .

         La soirée se déroule aimablement jusqu’à ce qu’une jeune florentine , Clara di Montecatini  , fille d’un comte propriétaire des plus belles oliveraies de Toscane ,invite Ludwig à danser et tente de le consommer sur la piste de danse…

         Francesca stoppe la musique et invite fermement le petit groupe à passer à table en prenant soin d’éloigner le plus possible la jeune imprudente de Ludwig.
         Le lendemain après un réveil des plus câlins pendant lequel la volcanique Francesca avait fini par réveiller la maisonnée (et peut être même quelques voisins bien que lointains…), Francesca entraine Ludwig pour lui montrer une « sorpresa »
Ludwig n’en croit pas ses yeux , sa de Dietrich avec laquelle ,il était tombé en panne à Milan il y a maintenant trois ans est comme neuve dans le garage !
Il a hâte de la conduire et propose de raccompagner les amis qui avaient dormi sur place en longeant le lac encore enveloppé dans sa brume matinale.

Au retour , ils déjeunent sur la terrasse et Francesca propose à Ludwig de faire un tour sur le lac avec le puissant canot de son père .

Le jardinier , également préposé à l’entretien de cette belle mécanique , descend préparer l’embarcation et Ludwig lui demande de monter le puissant moteur Hispano Suiza en température pendant que Francesca va se changer et revient avec un pantalon légèrement bouffant qui laisse audacieusement ses jolis mollets au soleil.

Le murmure du V8 se change rapidement en une symphonie roque  de puissance , Ludwig pilotant avec adresse la puissante machine peu habituée  à ces sollicitations.

Après une longue ballade , ils rentrent à l’embarcadère de la villa et le jardinier semble au bord de l’apoplexie lorsque Francesca descend à terre , les embruns dus à la vitesse ayant rendu sa chemise de soie transparente , laissant tout deviner de sa sensuelle plastique...en le voyant ainsi , elle éclate de rire et n’ignorant pas qu’il la suit des yeux , exagère outrageusement son naturel déhanché en remontant l’allée .

Les projets de Ludwig, émoustillé par ce déhanché, sont interrompus par la sonnerie du téléphone dans l’entrée de la villa.

La standardiste de Milan fait part à Francesca d’un appel international émanant de Londres et la met en relation avec sa collègue anglaise. Ludwig prend l’appel et est mis en relation avec son ami Archibald.

Celui ci lui demande de rentrer rapidement à Londres car la situation internationale se dégrade et la British Red Cross a besoin de lui rapidement pour faire le point sur le parc d’ambulances anglaises.

L’ai maussade, Ludwig fait part des nouvelles à Francesca qui décide de ne pas rejoindre Londres er restera au Lac de Côme puis retournera à Milan.

Les deux amants dinent seuls sur la terrasse surplombant le lac et après une nuit où le sommeil eut peu de part, Ludwig se fait conduire à la gare de Milan, ne souhaitant pas entreprendre le voyage en automobile vu les circonstances.

 

LONDRES été 1914

 

 

L’express Milan – Paris arrive en gare dans la  soirée et Ludwig retrouve quelques amis dans une brasserie parisienne puis s’écroule pour une nuit à l’hôtel du Nord, quai de Jemmapes.

 

Le lendemain il se rend à la gare du Nord à pied très tôt pour prendre le rapide PARIS-LONDRES , et savoure ce Paris du matin avec un curieux sentiment de devoir s’en imprégner comme s’il devait devoir s’en passer pour une très longue période.

 

En arrivant à Londres il s’engouffre dans un Taxi Renault rouge de la General Motor Cab Company et après quelques centaines de mètres , son oreille aguerrie l’informe de la proche fin de vie du moteur de la Renault AG !

Vu sa fatigue du long voyage, il espère arriver à bon port à Tooting avant cette fin tragique…

En traversant le couloir jouxtant son atelier , et avant de monter dans son appartement , Ludwig prend soin de débrancher son téléphone , ne souhaitant pas être réveillé par sa sonnerie stridente.

Le lendemain, il enfourche sa Triumph pour retrouver Archibald au Ye Olde Cheshire Cheese ,  145 Fleet Street.

Dans l’ambiance enfumée, les conversations vont bon train et commentent les nouvelles de Vienne où le Conseil des ministres s'accorde à penser que la guerre est préférable à une action diplomatique.

Archibald le remercie d’être rentré si vite à Londres et lui explique que le gouvernement s’attend au pire. Il faut impérativement que Ludwig oublie son origine et son passeport allemand et s’en tienne scrupuleusement à son identité d’emprunt, son prénom étant à présent Lewis.

Il doit contacter d’urgence la British Red Cross pour reprendre le projet de création d’une flotte d’automobiles sanitaires, ambulances qui malheureusement risque d’être appelées à servir rapidement.

Les deux amis se quittent, l’air maussades, et Ludwig se rend de suite au siège de la BRC qui lui confirme sa demande et met à sa disposition un garage. Dans un premier temps, il révisera le petit parc existant tout en dessinant quelques projets d’aménagements sur des châssis  TALBOT SUNBEAM ou CROSSLEY.

Il regrette de ne pouvoir se rendre chez son ami MATHIS à STRASBOURG, qui fabrique des ambulances pour l’empereur allemand, très légères et performantes sur tous chemins.

Dès le lendemain, il commence à organiser le garage pour réviser le petit parc d’ambulances de la British Red Cross

Fin du mois de juillet tout s’enchaine très vite, déclaration de guerre de l’Autriche Hongrie à la Serbie, assassinat de Jean Jaurès à Paris, mobilisation générale dans la plupart des pays d’Europe et le 3  août déclaration de guerre de l’Allemagne à la France.

Le 3   août au soir, Ludwig se rend comme souvent dans le quartier allemand de West End et traverse Charlottenstrasse sur sa moto.

La colonie allemande de Londres représente plus de 30000 personnes parfaitement intégrées dans la capitale et dans ce quartier la plupart des commerces ont des noms allemands et en matière culinaire présentent des produits allemands.

Il s’arrête pour boire un verre au King of Prussia à Tooley Street mais l’ambiance habituellement joyeuse de la taverne a fait place à une énorme inquiétude et lorsque la porte s’ouvre certains sursautent.

Le lendemain 4 août le Royaume Uni déclare la guerre à l’Allemagne, transformant ces 30000 citoyens en ennemis potentiels.

Quelques jours plus tard , Ludwig essaie de contacter des amis à Strasbourg mais les communications internationales avec l’Allemagne sont coupées.

Il téléphone alors à Francesca à Milan, l’Italie étant restée neutre dans ce conflit, elle peut téléphoner à Strasbourg tout en restant prudente du fait des contrôles des communications.

Elle lui apprend que son ami Ettore BUGATTI a été contraint de fuir l’Alsace déclarée zone de guerre et a pu rejoindre Stuttgart avec sa famille.

Leur ami le comte Ferdinand Zeppelin les a aidé à rejoindre Friedrichshafen en voiture puis passer en Suisse voisine et par Côme rejoindre Milan où ils sont à présent en sécurité.

La jolie Francesca ne manque pas de proposer à Ludwig de les rejoindre à Milan, sa proposition n’étant en rien liée aux évènements compte tenu de sa voix sensuelle et de ses arguments qui en temps normal feraient fondre Ludwig…

Tag(s) : #Roman Belle Epoque, #Roman Années Folles
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